MUSIQUE : où sont les femmes ?
Les femmes sont les grandes absentes de l’histoire de la musique.
Elles sont davantage connues pour leur rôle de muses que pour celui de créatrices.
Or, de belles surprises sont à découvrir…
Publié le 01/09/2021
Les pionnières
Parmi les noms retenus par l’histoire, ou du moins dont nous avons les traces, il y a eu tout d’abord Sapho de Lesbos, née en 630 avant J-C, poétesse et musicienne jouant de la lyre. Plusieurs siècles plus tard, en Allemagne, en Italie et en France, quelques grandes compositrices nous ont laissé des œuvres marquantes.
L'abbesse Hildegarde von Bingen est une figure importante de son époque et pas uniquement dans le domaine de la musique. Née en 1098 en Allemagne, Hildegarde von Bingen est une figure importante du 12e siècle : abbesse, compositrice, poétesse ou bien encore guérisseuse. À cette époque où la notation musicale reste très sommaire, la virtuosité des œuvres de la compositrice n’en reste pas moins perceptible. Elle a composé plus de soixante-dix chants liturgiques, dont certains ont fait l’objet d’enregistrements récents par des ensembles de musique médiévale. L'ensemble des chants forme la collection Symphonia harmoniae celestium revelationum (Symphonie de l'harmonie des révélations célestes). Autre œuvre importante de la compositrice, le drame liturgique Ordo virtitum (Le Jeu des vertus), qui comporte quatre-vingt-deux mélodies et met en scène les tiraillements de l’âme entre le démon et les vertus. Il s’agit de la mise en musique des écrits de ses visions qu’elle a depuis l’enfance, et qu’elle commence à consigner à quarante-trois ans dans le Scivias.
Hildegarde von Bingen exerce aussi ses talents dans d’autres domaines. De santé fragile, elle cherche des remèdes dans les plantes et l’alimentation, qu’elle transcrit dans son ouvrage Le Livre des subtilités des créatures divines. Certains des bienfaits de ses prescriptions sont aujourd’hui avérés et ses recettes traduites dans le monde entier. Il existe des centres dits hildegardiens qui proposent de suivre les principes de santé de la guérisseuse. Elle s’intéresse également et plus spécifiquement au corps des femmes, les cycles menstruels, l’accouchement, la sexualité... Également femme politique, sa correspondance atteste d’une relation étroite avec les puissances ecclésiastiques. Plus qu’une simple interlocutrice, elle se révèle une véritable conseillère jusqu’à se permettre de contester des décisions papales. Elle obtient l’autorisation d’ouvrir son propre couvent dans lequel elle s’autorise l’application de règles originales, notamment sur la tenue des religieuses pendant les jours de fêtes (cheveux déliés, voile de soie blanche, couronne dorée). Cette liberté d’esprit se retrouve dans ses poèmes aux passages parfois sulfureux. Personnalité complète et visionnaire, elle a été canonisée par le pape Benoît XVI en 2012 et nommée docteur de l’Église la même année, titre que seules quatre femmes possèdent aujourd’hui.
CHANTICLEER: O Frondens Virga by Hildegard von Bingen (1098-1179) |
Hildegard von Bingen - Canticles of Now - Anna-Maria Hefele & Tomek Kolczynsk |
Formée à la musique très jeune par son père, Francesca Caccini devient la première femme à avoir composé et joué des opéras en Italie. Cantatrice, claveciniste, luthiste et guitariste, elle grandit dans une maison fréquentée par les élèves de son père, mais aussi des poètes, des peintres, des musiciens. À vingt ans, elle est engagée comme musicienne sous l’autorité du Grand-duché de Toscane. En 1605, les Caccini se rendent à Paris à la demande d’Henri IV et de Marie de Médicis. Francesca Caccini y fera une grande impression, notamment en interprétant des chansons françaises. Elle sera ensuite au service de Catherine de Lorraine (petite-fille d'Henri II et de Catherine de Médicis), pour laquelle elle produit de courts spectacles. En 1618, elle publie son recueil avec des œuvres pour une ou deux voix et basse continue, Il primo libro delle musiche a una, e due voci (Le Premier livre des musiques à une et deux voix). Elles sont regroupées dans la table des matières en deux catégories, dix-neuf Spirituali (sacrées) et dixsept Temporali (profanes). La seule partition d'opéra qui nous soit parvenue, La Liberazione di Tuggiero dall'isola d'Alcina (1625), relève de l'esthétique des premiers spectacles de la cour de Florence avec une écriture vocale très virtuose. En plus des opéras et opéras-ballets, elle a composé des pièces pour le théâtre.
Chi desia, Francesca Caccini par l'Ars Lyrica |
Portrait de Francesca Caccini par Mia Mandineau, de la chaine Youtube L'Opéra et ses zouz |
Élisabeth Jacquet de La Guerre est la première compositrice d'opéra-ballet et de sonate en France. Le père d'Élisabeth Jacquet de La Guerre appartient à une dynastie de musiciens. Il se charge de son éducation musicale. Enfant prodige, elle inaugure sa carrière de virtuose en jouant du clavecin à cinq ans devant Louis XIV. Sur le plan musical, la compositrice fait preuve de modernité. Avide de découvertes, son écriture révèle sa capacité à absorber les courants nouveaux de son entourage musical. Ses œuvres personnelles sont souvent imprégnées d'influences italiennes. Élisabeth Jacquet de La Guerre s'essaie à tous les genres : musique religieuse ou profane, pièces de tradition française, « importations » italiennes. En 1684, elle épouse Marin de La Guerre (1658-1704), organiste de Saint-Séverin, issu lui aussi du milieu musical. Elle associe à son nom de naissance le nom de son mari lui permettant ainsi de bénéficier de la renommée des deux familles et de tisser des liens dans la communauté musicale. Elle compose une tragédie lyrique, Céphale et Procris, qui sera la première d’une compositrice à être interprétée sur la scène de l'Académie Royale de Musique en 1694. En 1707, elle publie Six sonates pour le Violon et pour le Clavecin, ainsi que ses Pièces de clavecin. Les Six sonates pour le Violon et pour le Clavecin seront jouées à la Cour devant le Roi. Elle publie également deux collections de cantates françaises. Élisabeth Jacquet de La Guerre est considérée comme l'une des premières femmes en France à avoir composé un opéra-ballet et est reconnue pour sa musique pour le clavecin. Elle compte également parmi les tout premiers compositeurs de sonates en France aux côtés de son cousin François Couperin.
Chaconne (Suite en la mineur) d'Élisabeth Jacquet de La Guerre, joué par Rona Nadler |
J'TE PRÉSENTE #5 - Élisabeth-Claude Jacquet de la Guerre |
Les subordonnées : des femmes à l’ombre de grands hommes
Une des caractéristiques de la composition féminine est qu’elle fût obligatoirement subordonnée à celle de ses homologues masculins et dépréciée en tant que telle.
A l’époque romantique, on retrouve en Allemagne des compositrices qui doivent faire face aux hommes de leur famille et aux règles de la société pour qui une femme ne peut pas écrire de musique. D’abord Fanny Mendelssohn, la grande sœur de Félix Mendelssohn. Impensable pour elle de devenir compositrice, son père le lui dit clairement : “La musique deviendra peut-être pour Félix un métier, pour toi elle doit rester un agrément”. Quelques-unes de ses compositions sont signées par son frère mais le reste, elle doit le réserver à son cercle privé, jusqu’à ce qu’elle ose braver l’interdiction de Félix et publie certaines de ses œuvres un an avant sa mort.
Il y a encore Clara Schumann, femme de Robert Schumann. Son père, professeur de piano, lui enseigne cet instrument. Ses talents de pianistes sont reconnus dans de nombreux pays de son vivant et elle donne de nombreux concerts dans toute l’Europe dans lesquels elle interprète les compositions de son mari. Trop prise par ses occupations familiales, elle est obligée de délaisser sa carrière d’interprète et de compositrice. Elle finira par écrire : « Une femme ne doit pas prétendre composer. Aucune encore a été capable de le faire, pourquoi serais-je une exception ? Il serait arrogant de croire cela, c’est une impression que seul mon père m’a autrefois donnée. »
Alma Schindler a suivi des cours de composition avec Alexander von Zemlinsky. Elle a composé durant sa jeunesse, principalement des Lieder, mais a mis entre parenthèses son activité créatrice après son mariage avec Gustav Mahler. En effet celui-ci l’a exigé « un couple ne pouvant comporter deux compositeurs ». Après le décès de celui-ci, elle épouse Walter Gropius, puis Franz Werfel. Femme cultivée, à la personnalité forte et à la vie amoureuse bien remplie, elle a marqué la vie culturelle de son époque. Comme pour Clara Schumann et Fanny Mendelssohn, le rôle de compositrice d’Alma Mahler fut subordonné à celui de son génial époux.
Alma Mahler: Vier Lieder / Katherine Weber . Zemlinsky Chamber Orchestra
Les intrépides : des compositrices qui tracent leur voie d’un siècle à l’autre
À partir de la fin du 19ème siècle et durant le début du 20ème, l’émergence de voix féminines ne fait plus de doute. Créatrices à part entière, elles tracent les premiers jalons de la composition féminine à égalité de celle des hommes, même si parfois, il leur est nécessaire de recourir au travestissement.
Louise Farrenc est fille et sœur des sculpteurs. Entourée d’artistes, elle montre très vite des dispositions pour la musique, en particulier pour le piano. Elle commence son apprentissage auprès d’une élève de Muzio Clementi, pianiste et compositeur italien. Elle aurait ensuite parfait sa formation auprès des grands pédagogues et compositeurs Johann Nepomuk Hummel et Ignaz Moscheles, et surtout auprès d’Anton Reicha au Conservatoire de Paris. Elle commence sa carrière de professeur de piano dès 1842 en donnant des cours à la duchesse d’Orléans. Cette même année, elle obtient une classe au Conservatoire national de Paris (deuxième femme, après Hélène de Montgeroult, à obtenir ce poste), activité qu'elle exerce jusqu'en 1872. Louise Farrenc consacre très vite son temps à la composition. Son mari, Aristide Farrenc, flûtiste et compositeur, fervent admirateur des dons de Louise Farrenc, est un véritable soutien. Ils décident ensemble d’éditer sa musique (les Éditions Farrenc). Ils ont également l’énorme projet d’une anthologie de la musique pour piano couvrant le répertoire du 16ème au 19ème siècle qui paraîtra en 1865 en 23 volumes, Le Trésor des pianistes. Son œuvre est aujourd’hui peu connue mais elle rencontra un vif succès auprès de ses contemporains. Ses symphonies, ainsi que ses nombreuses œuvres de musique de chambre lui ont valu de recevoir à deux reprises le Prix Chartier décerné par l’Académie des Beaux-Arts.
Symphonie n°3 en sol mineur op. 36, de Louise Farrenc
Augusta a composé à 14 ans sa première œuvre, La Chanson de chamelier. Comme Mel Bonis, elle utilise au début de sa carrière un pseudonyme masculin pour publier ses premières partitions sous le nom d'Hermann Zenta. Elle montre ses compositions à Franz Liszt et elle étudie auprès de César Franck. Camille Saint-Saëns la demande plusieurs fois en mariage, mais elle refuse et préfère entretenir une liaison avec le poète Catulle Mendès. En 1889, elle compose une Ode triomphale pour célébrer le centenaire de la Révolution française.
Camille Saint-Saëns a dit d'elle à propos de ses mélodies : "Elles seraient certainement célèbres si leur auteur n'avait le tort, irrémédiable auprès de bien des gens, d'être femme". C'est pourtant auprès de ce compositeur qu'elle se forme, mais aussi avec Frédéric Chopin. Clémence prend aussi des pseudonymes, mais à la différence de Mel Bonis et Augusta Holmès, ce sont des noms féminins : Caroline Blangy, Clémence Valgrand ou encore Maria Felicita de Reiset. Cantatrice, elle compose une soixantaine de mélodies et reçoit en 1860 le prix de composition musicale Chartier.
Concertiste, puis compositrice, elle fut la première femme dont l'œuvre fut jouée par l'orchestre de la Handel and Haydn Society of Boston en 1892.
Descendante des premiers colons de la Nouvelle-Angleterre, Amy Cheney, de son nom de jeune fille, étudie dans une école privée de Boston le piano et l’harmonie. Elle fait ses débuts comme pianiste professionnelle en 1883. En 1885, à l’âge de dix-huit ans, elle épouse un chirurgien de Boston, le docteur Henry Harris Aubrey Beach, de vingt-cinq ans son aîné. Mettant de côté sa carrière de concertiste, elle se consacre à la composition sous le nom d’Amy Beach. Après des œuvres principalement dédiées au piano, elle se lance bientôt dans un projet ambitieux, une messe. Elle a composé pour des genres aussi variés que la musique de chambre, le concerto, la sonate, la symphonie ou encore l’opéra. On lui doit également de nombreuses mélodies pour voix et piano dans le style romantique.
Summer Dreams Op.47 for 1 Pianos 4 Hands, d'Amy Beach, interprété par Joo-Hye Lee et Hyesuk Lim
De son vrai nom Mélanie Hélène Bonis, cette compositrice avait bien compris qu'il lui fallait prendre un pseudonyme pour exister dans un milieu masculin. Mel s'est cachée toute sa vie. Ses parents lui arrangent un mariage avec un riche industriel plus âgé qu'elle. En cachette, elle vit avec son amant Amédée Hettich, lui aussi musicien. Ils travaillent ensemble : elle compose des mélodies et des chœurs sur les textes du poète et il l'aide à faire valoir sa musique tout en lui ouvrant les portes des grands éditeurs parisiens. Ils auront une fille dont l'existence restera secrète. Elle est membre de la Société nationale de musique de 1899 à 1911 et y occupe le poste de secrétaire à partir de 1910 – une première pour une femme.
Toute petite, Cécile fait la connaissance de George Bizet qui la surnomme "mon petit Mozart". Le compositeur l'encourage à se présenter au Conservatoire, même si son père voit tout cela d'un mauvais œil. "Dans la bourgeoisie les filles sont destinées à être épouses et mères", dit-il. Elle reçoit néanmoins les encouragements d'autres compositeurs dont Camille Saint-Saëns et compose environ 150 mélodies dans le style de salon. Elle devient aussi une très grande concertiste. Elle est adulée en Angleterre, où elle est plusieurs fois invitée par la reine Victoria à séjourner dans son château de Windsor.
Elle est issue d'une grande famille de musiciens. Son père, le compositeur Ernest Boulanger a reçu le premier grand prix de Rome en 1835. Sa mère, la princesse Raïssa Ivanovna Mychetsky est une cantatrice russe. Et Dès 6 ans, Lili sait déchiffrer une partition. Elle entre au Conservatoire National de Paris en 1909 dans les classes de contrepoint et composition.
Elle se présente quatre ans plus tard au concours du Prix de Rome qu’elle remporte à l’unanimité. Agée de dix-neuf ans, elle devient non seulement la première femme à recevoir cette distinction mais demeure également l’un des plus jeunes lauréats à remporter ce prix. Elle s’installe à la Villa Médicis où elle compose la plus grande partie de son œuvre, notamment les pièces Cortège pour violon et D’un jardin clair pour piano mais aussi les Psaumes XXIV, CXXIX, CXXX. Bientôt, la guerre éclate et Lili doit écourter son séjour à Rome. Elle continue de composer sans relâche jusqu’à sa mort en 1918 à l’âge de vingt-cinq ans, des suites de la tuberculose. Sur son lit de mort, elle dictera à sa sœur Nadia sa dernière œuvre : le Pie Jesu.
Sa grande sœur, Nadia, a été pendant plus de 70 ans l'une des plus grandes professeures de composition qui a compté parmi ses élèves George Gershwin, Leonard Bernstein et Michel Legrand.
D'un matin de printemps, de Lili Boulanger, par Cristian Măcelaru et le Seattle Symphony
Et aujourd'hui ?
Les distinctions s’effacent, les esprits s’ouvrent. De même que les musiciennes finissent par intégrer des orchestres réputés inaccessibles ou les diriger, on ne compte plus les compositrices, égales des compositeurs. Parmi elles, quelques noms :
Betsy Jolas étudie avec Darius Milhaud et Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris en 1946 ; elle y est nommée ensuite professeur d'analyse puis de composition. Elle enseigne également dans les universités américaines. Elle reçoit de nombreux prix tant en France qu'à l'étranger. Figure indépendante, elle refuse toute rupture et se réclame de l'héritage de compositeurs comme Monteverdi, Debussy, Schumann. La vocalité qui est au cœur de toute son œuvre, tant vocale qu'instrumentale, donne à sa musique une expression déclamative et poétique qui lui est propre. Parmi ses œuvres, citons Quatuor II (1964), D'un opéra de voyage (1967), Le Pavillon au bord de la rivière (1975), Caprice à une voix (1975), Tales of a Summer Tea (1977), D'un opéra de poupée en sept musiques (1982), Le Cyclope (1986), Frauenleben (1992), Schliemann (créé à l’Opéra de Lyon en 1993), Lumor (1996), L'Ascension du Mont Ventoux (2004), B Day (2006), Femme en son jardin (2010).
Betsy Jolas est membre de l'Académie américaine des arts et sciences.
À l'écoute : Mon Ami, version pour piano et violoncelle, de Betsy Jolas
Elle effectue ses études musicales au Conservatoire de Kazan et en sort diplômée en 1954. Elle poursuit son cycle au conservatoire de Moscou pour étudier le piano et la composition. Elle est assistante de Dmitri Chostakovitch. Après son diplôme supérieur en 1963 et avoir été reçue au sein de l'union des compositeurs, elle étudie la composition avec Vissarion Chebaline. Compositrice indépendante, « elle puise son inspiration aux sources de la poésie et de la spiritualité ». Elle fonde un studio expérimental de musique électronique. Influencée par ses origines tatares, qui ont un profond effet sur ses œuvres, et toutes formes de musiques rituelles, par la mystique chrétienne et la philosophie orientale, qui se reflètent dans le choix de ses titres ou l'usage de textes latins, allemands et italiens , elle a reçu de nombreux prix. Elle réside en Allemagne.
Gubaidulina - The Garden of Joys and Sorrows - Bolshoi theatre soloists
Née dans une famille d’artistes, elle se produit en concert dès l’âge de 6 ans. Elle suit la classe de solfège spécialisé au Conservatoire de Paris et reçoit une médaille en solfège et en harmonie. En 1959, elle interrompt ses études dans la classe de Maurice Duruflé pour se consacrer à son premier enfant. Parallèlement à des études d’écriture, elle est admise dans la classe d’accompagnement au Conservatoire, elle y obtient son premier prix en 1963 et par la suite, elle approfondit sa connaissance de la mélodie et de l'opéra français. Elle travaille l'orchestration pendant deux ans avec Pierre Wissmer, à la Schola cantorum. Elle compose pour le cinéma et le théâtre. De 1983 à 2003, elle enseigne la formation musicale aux élèves chanteurs du Conservatoire.
Accompagnatrice, chef de chant, puis professeur auprès des jeunes chanteurs, c’est autour de la voix et de l’opéra que se concentre à partir de 1981 son activité créatrice. En mars 2018, Isabelle Aboulker a été nommée chevalière de l'Ordre des Arts et Lettres.
Isabelle Aboulker : "Le Nom des arbres", extrait de "Myla et l'arbre bateau" |
Le corbeau et le renard, Isabelle Aboulker |
Édith Canat de Chizy, outre des études d'art, d'archéologie et de philosophie à la Sorbonne, suit des études musicales au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, où elle obtient les prix d'harmonie, de fugue, de contrepoint, d'analyse, d'orchestration et de composition. Elle est l'élève d'Ivo Malec et travaille parallèlement l'électro-acoustique.
En 1983, elle fait la rencontre décisive de Maurice Ohana. De nombreux prix et distinctions viennent récompenser son travail parmi lesquels le Prix de composition « Georges Enesco » décerné par la Sacem. En 2006, son concerto pour violon, Exultet, est nominé aux Victoires de la musique ; prix de la Tribune internationale des compositeurs, prix Paul-Louis Weiller de l’Académie des beaux-arts (1992), Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros pour son disque, Moving, plusieurs prix décernés par la Sacem dont le grand prix de la Musique symphonique en 2004.
Parmi ses œuvres marquantes, pour la plupart commanditées par l'État, Radio-France, l’Orchestre de Paris, l'IRCAM, des ensembles tels que Musicatreize, les Solistes XXI, le Nederlands Kamerkoor, Sequenza 9.3, Accentus, TM+…, on notera particulièrement ses pièces vocales, ses œuvres pour cordes, notamment ses trois quatuors, et ses pièces symphoniques En 2005, elle est reçue à l'Académie des beaux-arts devenant ainsi la première femme compositeur à être admise à l'Institut de France. Elle est déléguée de l'Académie à la Séance publique annuelle des Cinq Académies en 2008, puis en 2016. Elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur en 2008 et promue officier de l'ordre national du Mérite en 2012.
En 2009-2010, elle a été compositeur en résidence au Festival international de musique de Besançon Franche-Comté, puis en résidence à l'orchestre national de Lyon. Le Festival Aspects des musiques d'aujourd'hui de Caen lui a consacré une édition monographique en 2016, il lui a commandé un concerto pour percussions et orchestre créé par l'Orchestre de Caen sous la direction de Vahan Mardirossian avec Florent Jodelet en soliste. Violoniste de formation, Édith Canat de Chizy est restée attachée à son instrument, comme en témoigne sa production d'œuvres pour cordes. Elle enseigne la composition au Conservatoire à rayonnement régional de Paris depuis 2007.
Les 3 conseils d'Edith Canat de Chizy, compositrice |
"O God !" (Edith Canat de Chizy) - Quatuor Van Kuijk |
Kaija Saariaho impose un style très personnel avec notamment un travail original sur ce que la compositrice nomme « l’axe timbral ». Elle reçoit de nombreuses récompenses à travers le monde.
Après l’apprentissage du violon, du piano et de l’orgue, Kaija Saariaho étudie la composition à l’Académie Sibelius de Helsinki (Finlande). Après sa découverte de la musique spectrale de Tristan Murail et Gérard Grisey, elle poursuit sa formation à la Hochschule für Musik de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), ainsi qu’à l’IRCAM à Paris (1982). S’appuyant sur l'utilisation de l'ordinateur, Kaija Saariaho impose un style très personnel avec notamment un travail original sur ce que la compositrice nomme « l’axe timbral » qui l’amène à distinguer sons éthérés et sons bruités, tant sur des textures électroniques qu'acoustiques. Elle compose pour tous les effectifs, de l’instrument seul à l’orchestre et l’opéra, avec une certaine prédilection pour les cordes, particulièrement le violoncelle, ainsi que la voix. Citons Laconisme de l’aile pour flûte (1982) ; Lichtbogen pour ensemble (1986) ; L’Amour de loin, opéra créé par l’Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden, sous la direction de Kent Nagano (2000) ; Circle Map pour grand orchestre et électronique live, création par le Netherlands Concertgebouw Orchestra sous la direction de Susanna Mälkki (2012) ; ainsi que son dernier opéra Innocence (2018-2020). Elle a enseigné la composition à l’Université de San Diego en Californie et à l’Académie Sibelius de Helsinki..
True Fire: I. Proposition I, de Kaija Saariaho, interprété par le Finnish Radio Symphony Orchestra
Camille Pépin est la première compositrice primée aux Victoires de la musique classique en 2020.
Elle étudie au Conservatoire à rayonnement régional d'Amiens, puis au Pôle Supérieur de Paris où elle travaille l’arrangement et au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris où elle obtient cinq premiers prix (orchestration, analyse, harmonie, contrepoint et fugue et formes). Elle apprend notamment auprès des compositeurs Thierry Escaich, Guillaume Connesson et Marc-André Dalbavie4 qui ont particulièrement marqué son parcours musical.
Elle est lauréate de divers concours et distinctions : concours de composition Île de créations - ONDIF 2015, Grand Prix Sacem Jeune Compositeur 2015, Prix du public au Festival européen Jeunes Talents 2016, Prix de l’Académie des beaux-arts 2017. Ses œuvres sont jouées par de prestigieux orchestres. Elle est compositrice invitée lors de nombreux festivals et évènements. Son premier album Chamber Music (NoMad Music, 2019) est récompensé par un Choc Classica, FFF Télérama, Choix de France Musique, Supersonic de Pizzicato Magasine, Joker de Crescendo Magasine et figure dans le top 10 des sélections classiques 2019 de Libération.
La Source d'Yggdrasil - Camille Pépin (2018) |
Camille Pépin : Snow, Moon and Flowers |
Le Syndicat des compositrices et compositeurs de musique contemporaine a été constitué dans un esprit paritaire.
Récemment la création de «Demandez à Clara», une base de données sur le site Présence Compositrices pour éclairer la place des compositrices dans l'histoire de la musique et rétablir un peu de justice, donne la preuve que les femmes sont décidées à revendiquer leur place. Le nom de ce site fait référence à Clara Schumann.
La base de données numérique répertorie les œuvres de plus de 700 artistes femmes longtemps éclipsées par leurs homologues masculins.
On peut toutefois nuancer ce bilan optimiste en citant le rapport du SACD [Société des auteurs et compositeurs dramatiques] : « Où sont les femmes, toujours pas là ! », Bilan 2012-2017 sur la place des femmes dans tous les lieux de diffusion culturelle, et qui concluait « Non, rien n’a changé ».
Sources
Ce dossier a été inspiré par le stage « Les compositrices dans l’histoire de la musique » créé et animé par Guillaume Kosmicki, musicologue, suivi les 5 et 6 décembre 2019 à la médiathèque départementale à Clermont-Ferrand.
Autres sources :
*Biographie de la Documentation Musicale de Radio France
*Wikipédia
*France Musique
*Les compositrices à travers les époques, Balises.bpi.fr - Une infographie réalisée avec la Maison de la musique contemporaine et Présence Compositrices - Centre de ressources et de promotion, publiée sur Balises, le webmagazine de la Bpi (Bibliothèque publique d’information)
*Maison de la Musique contemporaine / Cdmc, novembre 2019
Où sont les compositrices ? : un article de radio classique
Compositrices : La Musique un Art machiste ? sur le site Orinoco